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82 LIVRE n. LA FAMILLE.

fussent pas nés delà même mëre. Le frère, seul héritier, pou- vait à son choix épouser sa sœur ou la doter*.

Si un père n'avait qu'une fille, il pouvait adopter un fils et lui donner sa fille en mariage. Il pouvait encore instituer par testament un héritier qni épousait sa fille *.

Si le père d'une fille unique mourait sans avoir adopté ni testéjTancien droit voulait que son plus proche parent fût son héritier'; mais cet héritier avait l'obligation d'épouser la fille. C'est en vertu de ce principe que le mariage de l'oncle avec la nièce était autorisé et même exigé par la loi*. Il y a plus : si cette fille se trouvait déjà mariée, elle devait quitter son mari pour épouser l'héritier de son père •. L'héritier pouvait être déjà marié lui-même -, il devait divorcer pour épouser sa parente*. Nous voyons ici combien le droit antique, pour s'être conformé à la religion, a méconnu la nature'.

��1. Démoslhène, in Eubulidem, 20. Plutarqne, Thémiêtoele, S2. Gornéliui Népos, Cimon, I. H faut noter que la loi ne permettait pas d'épouser un frère utérin, ni un frère émancipé. On ne pouTait épouser que le frère consanguin, parce que celui-là seul était héritier du père.

2. Iséa, De Pyrrhi hereditate, 68 .

3. Cette disposition du Tieux droit ttliqae n'était pin «a pleine vigueur an quatrième siècle. On en trouTe pourtant la trace TisibU dans le plaidoyer d'Isée, De Cironi» /itreditate. L'objet do procès est celui-ci : Ciron étant mort et ne laissant qu'une flUe, le frère de Ciron réclamait l'héritage. Isée plaida pour la fille. Nous n'arons pas le plaidoyer de l'adTersaire qni soutenait éTidemment, au nom des vieux principes, que la fille s'avait ancnn droit; mais l'antenr de rUott<rt« placée en tète du discours d'Isée nous avertit que ce très-habile avocat soutenait ici une mauvaise cause ; sa thèM, dit-il, est conforme à l'équité naturelle, mais elle est contraire à la loi.

4. Isée, De Pyrrhi hered., 64, 72-75; Isée, De Aristarchi hered., 5; Dé- mosthène, in Leoeharem, 10. La fille unique était appelée ii:(x).ii(>o;, mot que l'on traduit à tort par héritière ; la signification primitive et esseutielle du mot est qui est à côté de rhiritage, que l'on prend avec lui. En droit strict, la fille n'est pas héritière ; en fait, l'héritier prend l'héritage cvt a&rj, comme dit la loi citée dans le plaidoyer de Démosthène, in Macarlatum, il. Cf. Isée, m, 42 : D» Aristarchi hered., 13- — La condition d'licUXi](>*( n'était pas particulière an droit athénien; on la retrouve à Sparte (Hérodote.'Vl, 57; Aristote, Politique, Q, u^ It), et à Thurii (Diodore, Xll, 48).

5. Isée, De Pyrrhi hered.,. 64 ; De Aristarchi hered., 19.

6. Démosthène, in EuhuUdem, 41 ; in Onetoretn, 1, argument.

7. Toutes ces obligations s'adoucirent peu à peu. En fait, à l'époque d'Isée et de Démosthène, le plus proche parent pouvait se dispenser d'épouser l'épiclère, pourvi qfi'U renonçit è la succession et qu'il dotât sa parente némosth., in tiatart., ik\ 'jte, deCUonymi hered., J9>.

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