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CHAP. VII. LE DROIT DE SUCCESSION. 89

inconnu, mais il était fort difficile. Il y fallait' de grandes for- malités. D'abord le secret n'était pas accordé au testateur de son vivant; l'homme qui déshéritait sa famille et violait la loi que la religion avait établie devait le faire publiquement, au grand jour, et assumer sur lui de son vivant tout l'odieux qui s'attachait à un tel acte. Ce n'est pas tout, il fallait encore que la volonté du testateur reçût l'approbation de l'autorité souveraine, c'est-à-dire du peuple assemblé par curies sous la présidence du pontife'. Ne croyons pas que cène fût là qu'une vaine formalité, surtout dans les premiers siècles. Ces comices par curies étaient la réunion la plus solennelle de la cité ro- maine; et il serait puéril de dire que l'on convoquait un peuple, sous la présidence de son chef religieux, pour assister comme simple témoin à la lecture d'un testament. On peut croire que le peuple votait, et cela était même, si l'on y réfléchit, tout à fait nécessaire ; il y avait, en effet, une loi générale qui réglait l'ordre de la succession d'une manière rigoureuse; pour que cet ordre fût modifié dans un cas particulier, il fallait une autre loi. Cette loi d'exception était le testament. La faculté de tester n'était donc pas pleinement reconnue à l'homme, et ne pouvait j)as l'être tant que cette société restait sous l'em- pire de la vieille religion. Dans les croyances de ces âges an- ciens, l'homme vivant n'était que le représentant pour quel- ques années d'un être constant et immortel, qui était la famille* Il n'avait qu'en dépôt le culte et la propriété; son droit sur eux cessait avec sa vie.

��6» Antique indivtiion du patrimoine.

Il faut nous reporter au delà des temps dont l'histoire a consepvé le souvenir, vers ces siècles éloignés pendant lesquels les institutions domestiques se sont établies et les institutions

��1. Ulpien, ZX, 3. Oaïus, I, lo2, 119. Âulu-Gelle, XV, 37. Le testament calot i.-- oomiliU fat tans nul doute le plus aacieQQement pratiqué; il a'était déji plu •OBoa ta tenps de Cieéron IDe orat., L UX.

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