Page:G. Bruno - Le Tour de la France par deux enfants, 1904.djvu/132

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moi, qui ai vu cent fois ces pays nouveaux pour toi, je n’aimerais pas mieux, à cette heure, être au coin de mon feu, assis auprès de ma femme avec mon fils sur les genoux, au lieu d’errer sur toutes les grandes routes en songeant à ma petite famille et en m’inquiétant de tout ce qui peut lui arriver pendant mon absence ?

— Oh ! c’est vrai, monsieur Gertal ; voilà que je deviens étourdi tout de même ! Je parle comme cela, du premier coup, sans réfléchir ; ce n’est pas beau, et je vais tâcher de me corriger. Je comprends bien, allez, que, pour celui qui a une famille, rien ne vaut sa maison, son pays.



LV. — La ville de Thiers et les couteliers. — Limoges et la porcelaine. — Un grand médecin né dans le Limousin, Dupuytren.


Ce qu’il y a de plus heureux dans la richesse, c’est qu’elle permet de soulager la misère d’autrui.


Ce fut à la petite pointe du jour qu’on quitta Clermont ; aussi on arriva de bonne heure à Thiers. Cette ville toute noire, aux rues escarpées, aux maisons entassées sur le penchant d’une montagne, est très industrieuse et s’accroît tous les jours. Elle occupe, dans un rayon de 12 kilomètres, un grand nombre d’ouvriers, et c’est aujourd’hui la plus importante ville de France pour la coutellerie.

ATELIER DE COUTELLERIE A THIERS. — La coutellerie fabrique tous les couteaux, grands et petits, dont nous nous servons, ainsi que les canifs, grattoirs, etc. Les ouvriers représentés préparent les lames. D’autres, pendant ce temps, ont préparé les manches des couteaux, et il n’y aura plus qu’à les emmancher. Le grand soufflet qui sert à exciter le feu de la forge est mis en mouvement par un chien qui tourne dans une sorte de cage ronde comme font les écureuils.


Pendant que Pierrot dînait, nos amis dînèrent eux-mêmes, puis on se diligenta pour faire les affaires rapidement, car le patron ne voulait pas coucher à Thiers.