Page:G. Bruno - Le Tour de la France par deux enfants, 1904.djvu/134

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sera pour nous comme un petit voyage en imagination.

Julien s’empressa de prendre son livre et lut la vie de Dupuytren.


Vers la fin du siècle dernier naquit, de parents très pauvres, le jeune Guillaume DUPUYTREN. Son père s’imposa de dures privations pour le faire instruire. L’enfant profita si bien des leçons de ses maîtres, et ses progrès furent si rapides que, dès l’âge de dix-huit ans, il fut nommé à un poste important de l’École de médecine de Paris : car Guillaume voulait être médecin-chirurgien. Il le fut bientôt en effet, et ne tarda pas à devenir illustre. On le demandait partout à la fois, chez les riches comme chez les pauvres ; mais lui, qui se souvenait d’avoir été pauvre, prodiguait également ses soins aux uns et aux autres. Il partageait en deux sa journée : le matin soignant les pauvres, qui ne le payaient point, le soir allant visiter les riches, qui lui donnaient leur or. Il mourut comblé de richesses et d’honneur, et il légua deux cent mille francs à l’École de médecine pour faire avancer la science à laquelle il a consacré sa vie.

DUPUYTREN, un des plus grands chirurgiens du dix-neuvième siècle, est né à Pierre-Buffières (Haute-Vienne), en 1777 ; il est mort en 1835.




LVI. — Une ferme dans les montagnes d’Auvergne. — Julien et le jeune vannier Jean-Joseph. — La veillée.


Enfants, si par la pensée vous vous mettiez à la place de ceux qui ont perdu leurs parents, combien les vôtres vous deviendraient plus chers ?


Nos trois voyageurs arrivèrent à un hameau situé dans la montagne au milieu des « bois noirs », comme on les appelle, à une dizaine de kilomètres de Thiers. On descendit chez un fermier du hameau que le patron connaissait. Puis M. Gertal, qui ne perdait jamais une minute, courut la campagne pour acheter des fromages d’Auvergne. Il les fit porter dans sa voiture, afin qu’on fût prêt à repartir le lendemain.

Pendant ce temps, Julien et André étaient restés chez la fermière et passaient la veillée en famille. Les femmes, réunies autour de la lampe, étaient occupées à faire de la dentelle ; les hommes, rudes bûcherons de la montagne, aux épaules athlétiques, reposaient non loin du feu leurs membres fatigués, tandis que la ménagère préparait la soupe pour tout le monde.