Page:G. Bruno - Le Tour de la France par deux enfants, 1904.djvu/138

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On se réunissait la nuit sous l’ombre impénétrable des grandes forêts, auprès des énormes pierres qui servaient d’autels ; on parlait de la liberté, on parlait de la patrie, et l’on promettait de donner sa vie pour elle.

UN AUTEL DES ANCIENS GAULOIS. — On trouve dans certaines contrées de la France, et surtout en Bretagne, des sortes de grandes tables de pierre qui, construites depuis les temps les plus reculés, servaient d’autels aux Gaulois, nos ancêtres. C’est sur ces tables qu’ils sacrifiaient leurs victimes, et ces victimes étaient parfois des hommes, des prisonniers de guerre, des esclaves. On appelle ces monuments de pierre des dolmens.


Julien s’interrompit encore pour montrer à Jean-Joseph un autel des anciens Gaulois, puis il reprit sa lecture :


Au jour désigné d’avance, la Gaule entière se souleva d’un seul coup, et ce fut un réveil si terrible que, sur plusieurs points, les légions romaines furent exterminées.

César, qui se préparait alors à quitter la Gaule, fut forcé de revenir en toute hâte, pour combattre Vercingétorix et les Gaulois révoltés. Mais Vercingétorix vainquit César à Gergovie.

— Gergovie, dit Jean-Joseph, c’est un endroit à côté de Clermont, j’en ai entendu parler plus d’une fois. Continuez, Julien ; j’aime ce Vercingétorix.


Six mois durant, Vercingétorix tint tête à César, tantôt vainqueur, tantôt vaincu.

Enfin César réussit à enfermer Vercingétorix dans la ville d’Alésia, où celui-ci s’était retiré avec soixante mille hommes.

Alésia, assiégée et cernée par les Romains, comme notre grand Paris l’a été de nos jours par les Prussiens, ne tarda pas à ressentir les horreurs de la famine.


— Oh ! dit Julien, un siège, je sais ce que c’est : c’est comme à Phalsbourg, où je suis né et où j’étais quand les Allemands l’ont investi. J’ai vu les boulets mettre le feu aux maisons, Jean-Joseph ; papa, qui était charpentier et pompier, a été blessé à la jambe en éteignant un incendie et en sauvant un enfant qui serait mort dans le feu sans lui.

— Il était brave, votre père, dit Jean-Joseph avec admiration.

— Oui, dit Julien, et nous tâcherons de lui ressembler, André et moi. Mais voyons la fin de l’histoire :