Page:G. Bruno - Le Tour de la France par deux enfants, 1904.djvu/249

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en face de l’Angleterre ; cela fait que nous sommes en rivalité pour l’industrie avec les Anglais. Il s’agit de faire aussi bien, et ce n’est pas facile ; mais comme on ne veut pas rester en arrière, on se donne de la peine ; et alors on arrive en même temps que ses rivaux, et quelquefois avant eux.

— Tiens, dit Julien, c’est donc pour les peuples comme en classe, où chacun tâche d’être le premier ?

LA TEINTURERIE. — Pour teindre les écheveaux de laine, de coton, de soie, le teinturier les trempe dans un bain colorant, en les tournant et retournant sur des bâtons.

— Justement, petit Julien. Dans l’industrie celui qui fait les plus beaux ouvrages les vend mieux, et c’est tout profit. Quand les hommes seront plus sages, ils ne voudront obtenir les uns sur les autres que de ces victoires-là. Vois-tu, ce sont les meilleures et les plus glorieuses ; elles ne coûtent la vie à personne et personne ne risque d’y perdre une patrie.



XCVI. — La Normandie (suite) ; ses champs et ses bestiaux.


Un grand homme de l’Amérique disait : — Si l’on demande à quelqu’un quel est le pays qu’il aime le mieux, il donnera d’abord le sien : mais si on lui demande ensuite quel est le pays qu’il voudrait avoir comme seconde patrie, il nommera la France.


— Père Guillaume, demanda encore Julien, y a-t-il de bonnes terres en Normandie ?

— Je le crois bien, petit. La Normandie est l’un des sols les plus fertiles de la France. Nous avons des prairies sans pareilles, où les nombreux troupeaux qu’on y élève ont de l’herbe jusqu’au ventre. C’est dans le Cotentin, dans mon pays, que chaque année on vient acheter les bœufs gras qui sont ensuite promenés à Paris, et qui sont bien les plus beaux qu’on puisse voir. Les chevaux normands, dont la ville de Caen fait grand commerce, sont connus partout : nos moutons de prés salés sont célèbres. Tu sais, petit Julien, on les appelle ainsi parce qu’ils paissent des