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Et les deux enfants, frappant un coup timide, murmurèrent en leur cœur : — Notre Père, qui êtes aux cieux, donnez-nous aujourd’hui notre pain quotidien.



II. — Le souper chez Étienne le sabotier. L’hospitalité.


Le nom d’un père honoré de tous est une fortune pour les enfants.


— Qui est là ? fit du dedans une grosse voix rude.

Au même instant, un aboiement formidable s’éleva d’une niche située non loin de la porte.

André prononça son nom :

— André Volden, dit-il d’un accent si mal assuré que les aboiements empêchèrent d’entendre cette réponse.


Le chien de montagne. — Ce chien est d’une taille très haute ; il a la tête grosse et la mâchoire armée de crocs énormes. Les poils de sa robe sont longs et soyeux. Dans la montagne, il garde les troupeaux et au besoin les défend contre les loups et les ours. Les plus beaux chiens de montagne sont ceux du mont Saint-Bernard, dans les Alpes, ceux des Pyrénées et ceux de l’Auvergne.


En même temps, le chien de montagne, sortant de sa niche et tirant sur sa chaîne, faisait mine de s’élancer sur les enfants.

— Mais qui frappe là, à pareille heure ? reprit plus rudement la grosse voix.

— André Volden, répéta l’enfant ; et Julien mêla sa voix à celle de son frère pour mieux se faire entendre.

Alors la porte s’ouvrit toute grande, et la lumière de la lampe, tombant d’à-plomb sur les petits voyageurs debout près du seuil, éclaira leurs vêtements trempés d’eau, leurs jeunes visages fatigués et interdits.

L’homme qui avait ouvert la porte, le père Étienne, les contemplait avec une sorte de stupeur :

— Mon Dieu ! qu’y a-t-il, mes enfants ? dit-il en