Enfin, abandonnant toute vergogne, il posa son chapeau à terre, et se palpant par devant, par derrière, de droite et de gauche dans un suprême effort, il réussit à trouver la lettre fatale qu’il glissa respectueusement dans la main toujours tendue de M. le chef du personnel.
— Vous êtes M. Romain Caldas ? demanda M. Le Campion en jetant les yeux sur cette lettre qui portait sa signature.
— Oui, Monsieur.
M. le chef du personnel toisa rapidement le nouveau : il lui prenait sa mesure administrative. Du reste, pas un pli sur sa physionomie qui pût indiquer s’il était ou non satisfait de son examen. Il reprit avec solennité :
— Vous voulez suivre, Monsieur, la carrière de l’administration ; c’est une pénible et laborieuse carrière, féconde en déceptions, et que vous ne connaissez sans doute pas encore ; mais vous avez fait votre droit, je crois.
— Je suis licencié, dit Caldas ; en outre, je crois pouvoir me rendre utile dans l’administration… j’ai l’habitude de rédiger, j’ai publié quelques ouvrages.
— Ah ! ah ! fit sur deux tons différents M. le chef du personnel, vous vous occupez de littérature.