Page:Gaboriau - Les Gens de bureau, Dentu, 1877.djvu/55

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Deux autres messieurs, dont l’un brandissait des pincettes, tandis que l’autre se faisait un bouclier de son pupitre, lui crièrent aussi :

— Le public n’est admis…

— Mais sapristi ! je ne suis pas le public, riposta Caldas, je suis employé dans ce bureau ; M. Ganivet…

— Tiens, c’est le nouveau, dit le monsieur aux pincettes.

— Vous arrivez à propos, dit le monsieur sur l’échelle, nous sommes accablés de besogne.

— Voici votre place, ajouta le monsieur au bouclier, en lui montrant une table non occupée.

Et, profitant d’un moment d’inattention du monsieur aux pincettes, il lui asséna sur les reins un coup de règle plate à assommer un bœuf.

La petite guerre recommença, sans qu’on fît davantage attention au nouveau, qui s’assit piteusement à sa place.

La victoire ne tarda pas à se déclarer en faveur du monsieur à l’échelle et du monsieur aux pincettes. Forcé dans ses derniers retranchements, l’homme au pupitre lâcha pied et courut se réfugier derrière Caldas pour éviter la bagarre. Le nouveau se leva brusque-