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ANNEXES.

la gêne produits par le corset, sans parler des infirmités qu’il provoque trop souvent, et indiquons-lui ce qu’elle doit exiger de ce vêtement et dans quelles conditions elle est autorisée à le porter.

Si, d’accord avec tous les médecins, anatomistes ou hygiénistes, nous admettons que le corset en usage de nos jours est défectueux, même à l’état de repos pour la femme inactive, à plus forte raison doit-il être néfaste pour la femme qui se livre à des exercices physiques. On l’a qualifié d’instrument meurtrier ; la qualification n’est pas exagérée. Je ne sache pas qu’on ait jusqu’ici jamais songé à baser la construction de cet appareil sur les indications que fournit la connaissance anatomique et physiologique de nos organes. Il n’a été tenu compte que de la nécessité de faire une taille bien fine et bien ronde ; nul ne s’est inquiété du sort réservé aux viscères situés au-dessous de cette ceinture. Pour obtenir la taille rêvée, on a comprimé tout ce qui est compressible ; et si nous n’avions pas un squelette résistant qui se fait respecter dans une certaine limite (car sur certains points, il est malheureusement impuissant à se défendre lui-même), les corsetières et les couturières nous donneraient bien vite une forme de haute convention sous laquelle nous aurions peut-être une certaine difficulté à nous reconnaître.

Jusqu’ici, il est vrai, les physiologistes et les hygiénistes n’ont pas fourni eux-mêmes d’indications bien définies, ni proposé des points de repère suffisamment précis pour diriger la fabrication d’un corset normal. Cela leur eût été difficile d’ailleurs, car il en est du corset comme de la bicyclette, ceux qui s’en servent sont seuls à même d’en apprécier les effets. Les hommes voient bien les défauts du corset, les médecins constatent bien les maladies qu’il aura causées, ils savent que telle ou telle autre partie est trop serrée ou trop lâche, ils donneront même le conseil de modifier la forme de l’appareil ; mais là se borne leur œuvre et jamais le proverbe si connu : « La critique est aisée et l’art est difficile », ne sera mieux en situation. Pour réaliser une modification véritable et avantageuse du corset, il faut prendre l’aiguille et les ciseaux et, après s’être affranchi de toutes les règles connues des ouvrières pour ne tenir compte que de l’anatomie, dessiner, tailler et ajuster un modèle en suivant les saillies et dépressions d’un torse humain.

En France, comme dans les autres pays d’ailleurs, les fabri-