Page:Gaches-Sarraute - Le Corset, étude physiologique, 1900.djvu/130

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
114
LE CORSET.

qu’il soit basé sur des points de repère bien déterminés et raisonnés, que sous prétexte de vous serrer la taille il ne déforme pas votre estomac, qu’il ne raccourcisse pas votre buste en avant pour l’allonger en arrière, qu’enfin vous puissiez manger à votre aise sans être obligées de le quitter.

Tous les défauts que je signale proviennent d’une conception très fausse de la forme humaine, de l’ignorance des corsetières et bien plus encore de la routine, qui les retient dans une mauvaise voie, malgré les protestations, et les engage à continuer à donner à leurs modèles des formes dont l’antagonisme avec la forme du corps est flagrant.

Je ne veux pas m’exposer à m’entendre dire que cette diatribe est arbitraire et mal fondée, et, pour bien montrer que mon plaidoyer en faveur de la réforme du corset est appuyé par l’assentiment moral de tout le corps médical, juge comme moi de tous les méfaits de cet appareil, il me suffira d’examiner avec vous et la position et le fonctionnement physiologique de nos viscères. Mais avant d’aborder la description scientifique, qu’il me soit permis d’établir un parallèle entre la femme nue représentée par la statuaire antique et la femme de notre époque revêtue d’un corset.

L’anatomie nous montre d’abord, si nous examinons une statue, que la face antérieure du corps, sur la ligne médiane, est sensiblement droite ou plutôt convexe. Cette convexité est formée par la cage thoracique, la région stomacale et la paroi abdominale. La statue, malgré sa raideur, nous suggère un sentiment d’aisance, de souplesse ; il semble que tous les mouvements lui seraient aisés. Sur les faces latérales, une masse saillante forme la hanche, et, immédiatement au-dessus, on voit une dépression très marquée qui contraste avec la largeur du bassin et s’harmonise en se continuant avec la cage thoracique gracieusement arrondie. Enfin, en arrière, la statue est cambrée et la région sacrée présente un plan incliné qui forme un angle rentrant, plus ou moins accentué, avec les vertèbres lombaires.

Retournons-nous maintenant vers la femme corsetée et examinons-la par régions comme nous avons fait pour la statue. En avant, la ligne médiane, au lieu d’être sensiblement droite, est représentée par deux lignes brisées figurant un angle rentrant ; le sommet de cet angle correspond à l’épigastre, les deux extré-