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ANNEXES.

mités à la saillie du sternum d’une part, et à la pointe ombilicale, d’autre part.

C’est là un contresens, car cette forme factice est absolument produite par le corset qui, dans cette partie du corps, agit en toute liberté, en ne s’appuyant que sur des parties molles. Or la face antérieure d’un torse féminin se trouve ainsi incurvée et raccourcie. Cela est incontestable. Elle suit l’angle que lui impose le corset ; nous verrons plus loin ce qui doit en résulter. Sur les côtés, les courbes sont nécessairement respectées, parce que la saillie de la hanche et la dépression formée par les parties molles, situées au-dessus, dessinent la taille, et je considère qu’on peut suivre son inflexion sans aucune crainte.

Cependant les moyens employés pour mouler et faire ressortir la beauté des lignes de cette région sont défectueux. En effet, sur une surface beaucoup moins évasée que la hanche, beaucoup trop étroite, on applique des baleines ou des ressorts qui compriment les régions osseuses sans se mouler sur elles. On annihile et on détruit ainsi la souplesse du corps. On se sert de moyens artificiels pour déformer la taille dont les lignes sont très nettement marquées. Certaines femmes m’objecteront que les tissus du corset pourraient devenir coupants en se froissant et aussi incommodes que des cordons. Cet inconvénient serait aisément écarté, j’en suis convaincue, si le corset épousait exactement la forme du corps. L’expérience en est faite, on peut porter un corset sans baleines, s’il est bien ajusté. Enfin, revenant à notre examen détaillé, nous constatons que dans la région dorsale, comme sur les côtés, les saillies osseuses sont pour les couturières de réels ennemis. Leurs patrons ne semblent pas s’adapter au T renversé que figure la colonne vertébrale à sa rencontre avec le sacrum et les crêtes iliaques.

Il y a là cependant une cambrure naturelle extrêmement gracieuse dont on eût dû profiter. Le dessin de la taille est tout fait, et au lieu d’appliquer sur cette région naturellement accidentée une surface d’étoffe plane, n’était-il pas plus simple de laisser les fausses côtes libres et de creuser le corset dans sa dépression normale, tout en laissant vers le bas une saillie très accusée pour la hanche ? De cette façon, les deux régions osseuses du bassin et du thorax, reliées simplement par un axe mobile, conserveraient leur souplesse et l’on obtiendrait aisé-