Page:Gagneur - Trois soeurs rivales.djvu/21

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Vaudrey au château de Domblans, il se trouvait au milieu des demoiselles de Charassin, dans cette même tonnelle où il les avait vues pour la première fois.

Il leur parlait d’amour.

M. de Vaudrey, assis entre Renée et Gabrielle, semblait accorder à celle-ci une attention toute particulière, soit pour se venger de Renée, qui, par fierté naturelle, lui témoignait plus de froideur en raison des progrès qu’il faisait dans son affection, soit pour exciter la jalousie d’Henriette, dont les manèges de coquetterie le divertissaient.

Après avoir fait sur le sentiment une dissertation assez longue et passablement vulgaire :

— Et vous, Gabrielle, que pensez-vous de l’amour, dit-il en attachant sur elle un regard passionné.

Gabrielle leva les yeux, et, ayant rencontré ceux de M. de Vaudrey, ce regard la troubla. Elle laissa tomber sa broderie, et, dans le mouvement qu’ils firent tous deux pour la ramasser, leurs têtes se touchèrent, et l’émotion de Gabrielle fut au comble.

— Eh bien ! reprit-il d’une voix caressante, vous ne me répondez pas, Gabrielle ?

La pauvre enfant se sentait prête à défaillir.

— Moi, balbutia-t-elle, l’amour… en vérité… je n’y ai jamais pensé… il me fait peur, et, je ne sais pourquoi, je redoute de le connaître.

— Vraiment, ma chère, reprit Henriette, qui jeta un regard observateur sur Paul et sur Gabrielle, l’effroi avec lequel tu en parles ferait croire que tu as des motifs pour