Page:Gagneur - Trois soeurs rivales.djvu/3

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la rivière, qui baigne le pied de la forteresse. Si jadis la Seille retentit des bruits de guerre, et se rougit de sang humain, aujourd’hui le silence de ses rives n’est interrompu que par le tic-tac monotone d’un moulin ou par les chants des bergers, et la transparence de ses eaux n’est plus troublée que par le savon des lavandières.

L’intérieur du château est également curieux à visiter ; la chambre dans laquelle coucha Henri IV existe encore sous le nom de Chambre rouge, nom qui lui vient sans doute des peintures en vermillon couvrant les poutrelles du plancher de tête. Le plafond est blanc, semé symétriquement des lettres C. R., et le flanc des poutrelles, peint en jaune, offre en vingt endroits également espacés, cette devise écrite en lettres gothiques et empreinte d’un sentiment amer Espoir déçoit. Une vaste cheminée, dont le manteau porte l’écusson mêlé des Charassin et des Vautrevers, est, comme les poutres de soubassement, recouverte d’arabesques en camaïeu. Les portes en chêne sculpté sont ornées de billettes et surmontées d’agréments gothiques. Ces décorations, artistement exécutées, supposent un long et patient travail.

On voit en outre, dans cette chambre mémorable, un portrait en pied de Henri IV en costume de cheval ; quelques trophées d’armes rouillées, un lit à colonnes, à rideaux fleurdelysés, et quelques fauteuils de bois doré vermoulu.

Le vieux baron de Charassin, propriétaire du château, fait aux étrangers les honneurs de cette chambre avec une courtoisie toute chevaleresque, et témoigne dans ses