Page:Gagneur - Trois soeurs rivales.djvu/53

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m’accuses, Joseph, toi à qui j’ai donné de si grandes preuves d’amour et de dévouement. Je crois que, provisoirement, pour laisser passer l’orage, il faudra nous séparer. Mon père parle de te confier un travail dans sa propriété de la montagne. Accepte-le, et compte sur ma foi, car je te promets de te rester à jamais fidèle.

Cependant Joseph demeurait incrédule à ces promesses, et pour le convaincre Henriette se trouvait à bout d’inventions, quand sortirent de leur cachette Paul et Renée.

Henriette les reconnut aussitôt. À cette apparition, une amoureuse jalousie lui mordit le cœur ; mais elle se remit promptement, et avec le sang-froid que possèdent d’ordinaire les personnes dissimulées, elle songea à tirer parti de la situation.

— Eh bien ! dit-elle, les reconnais-tu, Joseph, et pourras-tu dire encore que M. de Vaudrey soit amoureux de moi ? Ne vois-tu pas qu’il aime Renée ; autrement seraient-ils ensemble à pareille heure de la nuit ?

Joseph Duthiou se rendit, mais avec un reste de méfiance ; car il n’avait pas trouvé chez Henriette, qui pouvait à peine lui cacher son dégoût, la tendresse d’autrefois. Il s’éloigna avec de secrets projets de vengeance, dans le cas où ses doutes viendraient à se confirmer.

Henriette était pressée de se débarrasser de son amant pour rejoindre Renée et Paul, et les confondre par sa présence, ne pouvant soupçonner qu’elle-même avait été surprise. Elle pressa le pas, et quand elle arriva auprès d’eux :

— Que faites-vous donc dans le parc à cette heure ? leur demanda-t-elle en toisant Renée d’un air de menace.

— Ma chère Henriette, répondit. M. de Vaudrey avec ironie, permettez que le sujet de notre promenade vous reste inconnu.