Page:Gagneur - Trois soeurs rivales.djvu/68

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même jour. On hâta donc les préparatifs.

La famille entière se rendit à Besançon pour faire emplette des corbeilles. Ces apprêts, qui chassèrent de l’esprit d’Henriette toute autre préoccupation, laissèrent Gabrielle entièrement, à sa douleur ; elle parut étrangère à l’activité qui régnait autour d’elle et abandonna à Renée tous les soins de sa toilette.

Cependant le jour du mariage arriva sans nouvel incident. Gabrielle se laissa revêtir par Renée de sa robe de mariée avec une glaciale indifférence. Elle était aussi pâle que la mate blancheur des boutons d’oranger qui composaient sa couronne. Un léger cercle d’azur qui entourait ses yeux mornes annonçait une nuit passée sans sommeil. Sous son bouquet de mariée, elle glissa une fleur fanée avant d’être éclose. Cette fleur, emblème de sa vie, lui avait été offerte dans une promenade par M. de Vaudrey.

Quand elles furent prêtes, les deux jeunes fiancées descendirent au salon. Henriette rayonnait de vie et de gaîté, et formait un frappant contraste avec la pâle et triste Gabrielle. M. de Vaudrey montrait la froideur qu’apporte l’homme d’affaires à la signature d’un contrat. M. de Morges, ému peut-être, ou trop serré dans ses habits neufs, était encore plus empourpré que de coutume. Quant à M. de Charassin, il se montrait en tout lieu et en toute circonstance semblable à lui-même. Il allait et venait avec une activité junévile, jetant une pointe par-ci, un calembourg par-là, et déployant à tort et à travers son génie essentiellement anecdotique.

Le mariage civil se fit au château et se signa dans la chambre rouge. Au moment où le cortège s’apprêtait à sortir pour se rendre à l’église, on remit à Henriette un