Page:Gagneur - Trois soeurs rivales.djvu/70

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Le dénouement est sans contredit la partie la plus difficile d’un roman : selon les règles de l’art, le dénouement est la péripétie pivotale sur laquelle repose tout l’édifice de l’œuvre ; vers le dénouement, doivent tendre et converger tous les fils de l’intrigue. Aussi, est-ce généralement pour cette action finale que le romancier et l’auteur dramatique ménagent les grands effets et les scènes les plus émouvantes. Mais en est-il ainsi dans la vie réelle ? Les romans et les drames qui s’y présentent sous l’aspect le plus poétique ne se résolvent-ils pas le plus souvent de la manière la plus simple et la plus prosaïque ? Toutefois, pour qui sait observer, ces dénouements, quelque vulgaires qu’ils paraissent, renferment souvent de grandes leçons et offrent de profondes études sociales et psychologiques. Aussi, laissant de côté le roman d’imagination, à événements compliqués, enchevêtrés, inattendus, nous achèverons simplement, sans en altérer la vérité, notre modeste récit.

Deux jours après le départ de ses sœurs, Renée reçut une lettre d’Henriette dont voici le contenu :

« Mademoiselle,

» Paul vient de me raconter jusqu’où s’étaient portées envers moi votre affection et votre délicatesse, de quelle indigne manière, en un mot, vous aviez abusé d’un secret qui pouvait me perdre sans retour dans l’esprit de mon mari. Paul se fût-il montré moins généreux, j’aurais été sacrifiée à vos mauvaises passions.

» Aujourd’hui, M. de Vaudrey n’éprouve plus pour vous que du mépris et de l’aversion. Ne vous étonnez donc pas si, dès ce moment, nous rompons toute relation avec vous et avec Gabrielle, dont les coquette-