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Page:Gagnon - Chansons populaires du Canada, 1880.djvu/265

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du canada

à Balder ? Prenez ceci et faites comme les autres ; je vais vous indiquer où il se trouve. » Hoder ayant donc pris le gui, et Loke lui dirigeant la main, « il le lança à Balder, qui en fut percé de part en part, et tomba sans vie ; et l’on n’avait jamais vu parmi les dieux ni parmi les hommes un crime plus atroce que celui-là…»

« La fable de Balder (le Bélen des Gaulois) dit M. B. Clavel, explique le motif de cette recherche solennelle du gui du chêne. On comprend qu’elle avait pour objet de priver le dieu mauvais, qui représentait chez nos pères le Loke des Scandinaves, des moyens de tuer Bélen (le soleil). »

« De nos jours encore, continue M. Clavel, il s’est conservé dans quelques lieux du voisinage de Bordeaux des vestiges de cette coutume druidique (la recherche du gui) : des jeunes gens bizarrement vêtus vont en troupe, le premier janvier, couper des branches de chêne, dont ils tressent des couronnes, et reviennent entonner des chansons qu’ils appellent guilanus. Il en est de même parmi les peuples du Holstein, en Allemagne, qui appellent le gui marentaken, rameau des spectres. Les jeunes gens y vont, au commencement de l’année, frapper les portes et les fenêtres des maisons en criant : Guthyl ! (gui). »xxx(Histoire des Gaules, p. 18.)

« Le grand sacrifice du gui de l’an neuf se faisait avec beaucoup de cérémonies près de Chartres, le sixième jour de la lune, qui était le commencement de l’année des Gaulois, suivant leur manière de compter par les nuits, ad viscum druidæ clamare solebant, dit Pline. »xxx(C. Leber, ouvrage déjà cité, p. 21, t. III.)

De toutes ces traditions nous n’avons importé, en Canada, que la mascarade du 1er janvier et le chant de la Guignolée ; mais dans plusieurs pays d’Europe, le gui ou rameau des spectres est encore un objet de vénération auquel on attribue une grande puissance. (Voir Mallet, Intro-