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Page:Gagnon - Chansons populaires du Canada, 1880.djvu/264

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chansons populaires

Une vraie brave femme de déesse qui avait nom Fréa, mariée à un dieu nommé Odin, fit faire serment au feu, à l’eau, au vent et à tout ce qui constitue les règnes animal, végétal et minéral de ne pas faire une égratignure au susdit Balder. Cela étant, tous les dieux se faisaient un amusement, dans leurs grandes assemblées, de lancer toute espèce de projectiles au fortuné Balder que rien ne pouvait blesser et qui prenait un singulier plaisir à cet amusement d’un nouveau genre. Malheureusement, il y avait de par l’olympe un vilain garnement, fourbe, hypocrite et envieux, au demeurant assez joli garçon, que ce jeu-là n’amusait pas ; il s’appelait Loke. Déguisé en vieille femme, il se rend au palais de Fréa. La déesse un peu curieuse et un peu parleuse, lui demande si elle sait ce qui occupe le plus le conseil des dieux. — Les dieux, répond la vieille, jettent des traits et des pierres à Balder. — Et ni les armes de métal ni les armes de bois ne peuvent lui être mortelles, ajoute Fréa, car j’ai leur serment. — Quoi ! dit la vieille, est-ce que toutes les choses qui existent vous ont fait le même serment ? — Oui, réplique Fréa, excepté pourtant un petit arbuste qui croît au côté occidental du Valhalla (palais d’Odin), et qu’on nomme Mistil Teinn (gui), à qui je n’ai pas voulu demander de serment parce qu’il m’a paru trop jeune et trop faible… La vieille en savait assez. Loke reprenant sa forme naturelle s’en va vite arracher l’arbuste par la racine et s’en revient de l’air le plus innocent du monde prendre sa place au milieu des dieux. Or, parmi ces dieux, il en était un nommé Hoder qui était aveugle. Loke s’approche de lui et lui dit : — « Pourquoi ne lancez-vous pas aussi quelques traits