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DU CANADA

l’accord parfait, la tierce, non-seulement n’était pas admise, mais encore était considérée comme dissonance. La quinte, au temps de Hucbald, était moins un accord qu’un seul et même son. Les suites de quintes, de quartes et d’octaves produisaient sur l’oreille des musiciens du moyen-âge l’effet que produit sur la nôtre le jeu de mixture de l’orgue, c’est-à-dire un effet vague, étrange, indéfinissable, mais nullement désagréable et barbare."[1]

Mais cette question d’harmonie nous entraînerait trop loin. Au reste elle n’appartient pas rigoureusement à notre sujet, puisque l’harmonie n’est pas et n’a jamais été le fait du peuple. Disons cependant, en terminant, que l’harmonie ne doit être ajoutée aux chants populaires qu’avec beaucoup de tact et de goût ; que très souvent, elle en gêne l’allure et le rhythme, quand elle n’en détruit pas complètement la modalité ; et que, dans les conditions actuelles de la science, il vaut mieux, le plus souvent, qu’elle ne paraisse pas du tout.


Dans toutes les remarques qui précèdent, on a pu voir que je n’ai pas tenu plus de compte qu’il ne faut des idées qui ont généralement cours parmi nous et des lois de notre musique moderne. La raison en est simple : ayant à examiner, dans nos chants populaires, une musique réellement d’un autre âge, je serais arrivé infailliblement aux conclusions les plus fausses si j’avais envisagé ce

  1. Coussemaker — Hist. de l’Harmonie au moyen-âge.