Page:Galois - Manuscrits, édition Tannery, 1908.djvu/36

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principes combinés par des méthodes uniformes ; alors plus d’obstacles, plus de ces difficultés que le savant [rencontre dans ses explorations[1]]. Mais il n’en est pas ainsi ; si[2] la tâche du savant est plus pénible et partant plus belle, la marche de la science est moins régulière [ : ] la science progresse par une série de combinaisons où le hazard ne joue pas le moindre rôle ; sa vie est brute et ressemble à celle des minéraux qui croissent par juxtàposition. Cela s’applique non seulement à la science telle qu’elle résulte des travaux d’une série de savants, mais aussi aux recherches particulières à chacun d’eux. En vain les analystes voudraient-ils se le dissimuler[3] : ils ne déduisent pas, ils combinent, ils comparent[4] ; quand ils arrivent à la vérité, c’est en heurtant de côté et d’autre qu’il y sont tombés.

Les ouvrages didactiques doivent partager avec les ouvrages d’invention ce défaut d’une marche sûre toutes les fois que le sujet qu’ils traitent[5] n’est pas autrement soumis à nos lumières. Ils ne pourraient donc prendre une forme vraiment méthodique que sur un bien petit nombre de matières. Pour la leur donner, il faudrait une profonde intelligence de l’analyse et l’inutilité de l’entreprise dégoûte ceux qui pourraient en supporter la difficulté.

  1. C’est le texte de Chevalier. Le passage est illisible ; je ne puis lire « rencontre » ; après explorations » qui est douteux, il y a les mots, douteux aussi : « et qui souvent sont imaginaires » et ceux-ci, bien nets : « Mais aussi plus de rôle au savant ». Chevalier a supprimé ce qui ne s’accordait pas avec son texte.
  2. Chevalier a écrit : « et la… ».
  3. Je suis le texte de Chevalier ; il y a ici, en interligne, une phrase dont le copiste n’a pas tenu compte, malgré son intérêt ; malheureusement, elle est en partie illisible : j’y distingue à peu près ce qui suit :

    « toute immatérielle qu’elle [illis.] l’analyse n’est pas plus en notre pouvoir que d’autre [illis.]. »

  4. Autre addition, en interligne, supprimée par Chevalier : « il faut l’épier, la sonder, la solliciter [la vérité] ».
  5. Dans le manuscrit : « qu’il traite ».