Page:Gardey - Anglophilie gouvernementale.djvu/50

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frères anglicans n’est pas faite pour donner un démenti aux dires de ceux-ci.

L’un des pasteurs français était arrivé à Tahiti vers la fin de l’année 1862, en résidence à Papeete, chef-lieu des établissements ; le second ne vint qu’un peu plus tard pour l’île voisine Moorea. De ce moment les pasteurs anglais disparaîtront successivement par suite de leur décès et ne seront pas remplacés. Il n’en restera qu’un seul, au chef-lieu, desservant la communauté étrangère. C’est à ce dernier que se rapportent les considérations émises au paragraphe qui précède.

L’ordonnance du 30 octobre 1862 avait enlevé aux ministres indigènes du culte la direction des écoles publiques en mettant à leur tête des gens ayant donné des preuves de leur capacité, enseignant le français. Qu’arriverait-il si le peuple tahitien s’instruisait ? Qu’il échapperait au pouvoir de ceux qui prétendaient être ses maîtres, au temporel aussi bien qu’au spirituel[1].

D’un autre côté, l’administration, à la recherche d’instituteurs enseignant le français qu’elle trouvait difficilement et voulant assurer à bref délai l’exécution des nouvelles prescriptions, s’était vue et dans l’obligation, sur les demandes formelles et réitérées des chefs et des habitants protestants, de confier, dans certains districts, la direction des écoles aux missionnaires catholiques en résidence dans ces dis-

  1. Tout récemment encore, l’un des meilleurs de nos pasteurs protestants français n’écrivait-il pas, au cours du récit qu’il donne de l’une de ses tournées :
    … « En général, hélas ! plus l’indigène s’européanise, plus il perd ses habitudes religieuses… »
    ( L’Église libre. N° du 8 septembre 1893, page 285.)