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Page:Garneau - Histoire du Canada depuis sa découverte jusqu'à nos jours, tome IV, 1852.djvu/41

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HISTOIRE DU CANADA

et à ce titre son nom mérite d’être placé à la tête de l’histoire de la presse du pays.

Ces discussions malgré l’agitation momentanée qu’elles causaient de temps à autre, n’interrompaient point encore les bons rapports qui existaient entre le gouvernement et la chambre ; et d’ailleurs la situation de nos relations avec les États-Unis allait bientôt appeler pour quelque temps du moins, l’attention publique d’un autre côté.

Les guerres terribles occasionnées en Europe par la révolution française, que les rois tremblant sur leurs trônes, s’étaient conjurés pour abattre, avaient excité de vives sympathies dans la république américaine en faveur de la France. On avait vu avec mécontentement la nation la plus libre de l’Europe après la Suisse, se liguer avec les despotes les plus absolus pour écraser la liberté qui avait tant de peine à naître et à se répandre ; et le gouvernement des États-Unis avait la plus grande peine à arrêter chez une portion très nombreuse de ses habitans l’explosion de sentimens qui auraient amené une guerre avec l’Angleterre, et conséquemment une lutte sur mer, où sa marine n’était pas en état de lutter avec aucune espèce de chance de succès. Depuis quelque temps les rapports entre les deux nations avaient perdu de cette cordialité que l’on essayait en vain de conserver, et qui allait disparaître plus tard avec le parti whig de l’Union.

La révolution française et les guerres qui en avaient été la suite avaient fini par la destruction de toutes les marines des nations continentales, incapables de lutter à la fois sur les deux éléments. L’Angleterre était restée seule maîtresse des mers et voulait en retirer tous les avantages. Les États-Unis au contraire prétendaient à la faveur de leur neutralité, trafiquer librement avec les différentes nations belligérantes. Sans tenir compte des prétentions de la nation nouvelle, la Grande-Bretagne déclara en 1806 les côtes d’une partie du continent européen depuis Brest jusqu’à l’Elbe en état de blocus, et captura une foule de navires américains qui s’y rendaient. Napoléon en fit autant de son côté par représailles, et déclara les côtes de l’Angleterre bloquées. Celle-ci pour surenchérir prohiba l’année suivante tout commerce avec la France. Ces mesures extraordinaires et qui violaient les lois des nations et les droits des neutres reconnus jusqu’à