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précipités du haut des falaises avant d’avoir pu s’y maintenir. Mais notre artillerie accourt. On la voit traîner avec effort ses canons, se ranger devant les batteries russes et engager le feu. La canonnade retentit furieuse et désordonnée et dans la fumée disparaissent nos bataillons qui, nous le vîmes après, avaient débordé l’extrémité de l’aile gauche des Russes.

Le centre aussi est engagé. C’est là qu’est la division Canrobert. La fumée qui s’élève de toutes parts ne nous permet que de suivre à de rares intervalles les différentes péripéties de la bataille.

Il est deux heures. Sur une tour en construction appelée le télégraphe, qui semble être le centre de la position ennemie, flottent les couleurs nationales que des cris de joie et de triomphe saluent sur toute l’étendue de la flotte. Deux fois le drapeau français s’affaisse et disparaît pour revenir enfin glorieux et invincible.

De toutes parts le spectacle qui se déroule est magnifique de grandeur. Sur la gauche, on voit les régiments de la première et de la deuxième division donner un véritable assaut à ces redoutables positions, s’arrêter, se reformer, puis s’élancer dans un héroïque élan pour refouler les Russes dont les masses profondes se retirent avec rapidité sur plusieurs points, emmenant leur artillerie avec elles.

À cinq heures, grand silence. La bataille est terminée. La plaine est couverte de morts et de blessés. Des chirurgiens et des matelots sont immédiatement envoyés à terre pour aider au pansement des blessés. Le lendemain de grand matin toutes les embarcations légères de l’escadre se rendent à la plage pour les recevoir et les embarquer à bord des frégates qui doivent les transporter à Constantinople.

C’est de tous côtés une infatigable activité. D’abord on prend des précautions en cas d’attaque de la flotte russe, puis on dé-