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six semaines dans un phare.

Malakoff, se répandant dans les fossés pour trouver un accès. Sans attendre des échelles, et sous un feu meurtrier, nos soldats s’élèvent sur les épaules des uns, des autres, s’accrochent des mains aux talus, pénètrent dans la forteresse, les uns par les embrasures, les autres en escaladant les crêtes, ils y plantent le drapeau de la France.

Alors commence, entre eux et les Russes, une mêlée impossible à décrire. L’arme blanche seule y est employée : on combat corps à corps, le génie parvient à établir un pont d’échelles en face du saillant. De nouvelles troupes s’y pressent, franchissent le parapet et chassent les Russes. Mais, engagés dans ce labyrinthe de fortifications, on ne gagne que peu de terrain au prix de pertes énormes. Les zouaves arrivent à la tour Malakoff, la dépassent, enlèvent les traverses en arrière du réduit ; les Russes réfugiés dans les casemates font sur nous un feu meurtrier sans vouloir se rendre. On allume des feux près des ouvertures faites à la muraille pour amener leur soumission.

C’est alors que de toutes parts des explosions de fourneaux bouleversent la terre. Les assaillants ne savent où poser le pied sur ce sol qui manque sous leurs pas. Les Russes concentrés sur les abords du bastion couvrent à rangs pressés les épaulements en faisant un feu roulant sur les assaillants, mais ils sont forcés d’abandonner, et se reforment en arrière. Les zouaves et le 7e de ligne les débordent et les refoulent derrière la deuxième ligne de traverses. Là, les Russes opposent la plus courageuse résistance et repoussent tous les assauts, Mac-Mahon, toujours au plus fort du danger, voit diminuer le nombre de ses soldats. Il ne peut conserver le terrain conquis ; le général Vinoy pénètre dans l’ouvrage avec une division qui déborde l’ennemi, lequel, renforcé par ses réserves, prépare un retour offensif. Mac-Mahon appelle à lui les zouaves de la garde, ceux-ci se jettent dans l’ouvrage qu’ils emportent aidés des tirailleurs