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Blanchissantes au fond du firmament épais,
Un de ces vastes soirs de vertige et de paix
Où devant un sanglot, une angoisse, un sourire,
Le voile transparent du monde se déchire
Et laisse, entre tes bras de l'ombre, apercevoir
Le néant radieux de l'humain désespoir.
Les bassins que frôlaient les branches inquiètes
S'étoilaient vaguement des caresses muettes
Que les vents qui s'en vont traînent au fond du soir.
De l'invisible mer sur la terre échauffée
Comme un lointain pardon arrivait par la bouffée,
Et sous un bas laurier j'étais venu m'asseoir.

J'étais seul. Dans mon cœur la rumeur étouffée
D'un jour d'entre les jours de l'homme, le soupir
Des herbes au couchant achevait de mourir…
Un parfum prit ma main, la terre dit « Orphée… »