Page:Gasquet - Le Bûcher secret, 1921.djvu/175

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VI


Quand mon front blanchira, quand l'été de ma force
S'enfoncera pensif entre tes jeunes bras,
Quand mon arbre frappé dans sa dernière écorce
Se roidira, glacé, sur la neige des draps,

Toi, printemps qui me fuis et m'appelles, eau brune,
Chair cruelle, néant de mes sens, amour noir,
Pourras-tu te pencher sur mon cœur sans rancune
Et regarder mes yeux sans crainte de t'y voir ?

Tu crains… Oublions-nous, laisse-moi ma misère.
Rien d'humble au fond de moi ne doit brûler jamais.
Adieu… Contemple-moi sans désir ni colère.
Entre toutes tu fus la seule que j'aimais.