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Page:Gaston de Chaumont - La Fauvette de maître Gélonneur.djvu/40

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la fauvette

fouie dans la verdure, sillonnée de fraîches vallées, bercée au bruit de l’Océan, au murmure de ses cascades, a emprunté au sol qui la nourrit poésie touchante. Voici la lettre qu’une jeune Tahitienne adressait à sa mère, dont elle avait été brusquement séparée, pour être reléguée dans la partie de l’île qui est réservée aux lépreux :

« Salut à toi dans le vrai Dieu, toi qui es mon étoile !

« Voici ma petite parole :

« Je l’aime comme le petit enfant aime le sein de sa mère. Je te désire comme la fleur de nos vallées désire la rosée de la nuit pour devenir fraîche et parfumée. Et comme le petit enfant à qui la mère ne donne pas son sein, je ne puis vivre ; et comme la fleur qui ne reçoit pas la rosée de la nuit, je vais mourir. Les jours et les nuits se passent ; que me sont-ils puisque tu n’es pas là ?