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Page:Gaston de Chaumont - La Fauvette de maître Gélonneur.djvu/57

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par sa force corporelle, par sa beauté, la douceur de son caractère, s’était attiré l’estime et la sympathie de ses compatriotes, comme celles des Français. Jeune encore, puisqu’il avait quarante ans, il possédait une charmante vahiné (femme) et de beaux enfants. Ses forêts de feï étaient parmi les plus riches des îles. Il était profondément heureux.

Mais son heure était marquée : le terrible fléau de ce pays allait fondre sur lui, le saisir en pleine prospérité. Il s’aperçut, un jour, d’une légère excoriation farineuse à sa jambe gauche. C’était la lèpre. Mata-Pifaré se vit perdu ; mais il reçut le coup sans peur, sans faiblesse.

À la première attaque de la maladie, encore bénigne, il alla, le front souriant, consulter le docteur français de l’escadre et lui montrer sa jambe malade.

— Mon pauvre ami, lui dit le docteur, aie du courage.