Page:Gautier - Œuvres de Théophile Gautier, tome 1.djvu/398

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

À la fin, les parents des deux enfants s’alarmèrent de leur persistance à repousser tous les partis qu’on leur présentait. Mme Tou et Mme Kouan, préoccupées sans doute de ces idées de mariage, continuaient dans leurs rêves de nuit leurs pensées de jour. Un des songes qu’elles firent les frappa particulièrement. Mme Kouan rêva qu’elle voyait sur la poitrine de son fils Tchin-Sing une pierre de jaspe si merveilleusement polie, qu’elle jetait des rayons comme une escarboucle ; de son côté, Mme Tou rêva que sa fille portait au cou une perle du plus bel orient et d’une valeur inestimable. Quelle signification pouvaient avoir ces deux songes ? Celui de Mme Kouan présageait-il à Tchin-Sing les honneurs de l’Académie impériale, et celui de Mme Tou voulait-il dire que Ju-Kiouan trouverait quelque trésor enfoui dans le jardin ou sous une brique de l’âtre ? Une telle explication n’avait rien de déraisonnable, et plus d’un s’en fût contenté ; mais les bonnes dames virent dans ce songe des allusions à des mariages extrêmement avantageux que devaient bientôt conclure leurs enfants. Malheureusement Tchin-Sing et Ju-Kiouan persistaient plus que jamais dans leur résolution et démentaient la prophétie.

Kouan et Tou, quoiqu’ils n’eussent rien rêvé, s’étonnaient d’une pareille opiniâtreté, le mariage étant d’ordinaire une cérémonie pour laquelle les jeunes gens ne montrent pas une