Page:Gautier - Œuvres de Théophile Gautier, tome 1.djvu/432

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

naseaux mobiles hument l’air avec inquiétude ; ils subodorent la présence d’un ennemi. — Ce n’est point un loup ni un renard : un loup et un renard ne seraient qu’une bouchée pour ces braves chiens.

Un bruit de pas se fait entendre, et bientôt paraît au détour du chemin un chevalier monté sur un cheval de grande taille et suivi de deux chiens énormes.

Vous l’auriez pris pour Oluf. Il était armé exactement de même, avec un surcot historié du même blason ; seulement il portait sur son casque une plume rouge au lieu d’une verte. La route était si étroite qu’il fallait que l’un des deux chevaliers reculât.

« Seigneur Oluf, reculez-vous pour que je passe, dit le chevalier à la visière baissée. Le voyage que je fais est un long voyage ; on m’attend, il faut que j’arrive.

— Par la moustache de mon père, c’est vous qui reculerez. Je vais à un rendez-vous d’amour, et les amoureux sont pressés, » répondit Oluf en portant la main sur la garde de son épée.

L’inconnu tira la sienne, et le combat commença. Les épées, en tombant sur les mailles d’acier, en faisaient jaillir des gerbes d’étincelles pétillantes ; bientôt, quoique d’une trempe supérieure, elles furent ébréchées comme des scies. On eût pris les combattants, à travers la fumée de leurs chevaux et la brume de leur respiration