Page:Gautier - Chanson de Roland onzieme edition 1881.djvu/124

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Sur l’herbe verte estut devant sun tref.
Rollanz i fut e Oliviers li ber,
Naimes li dux e des altres asez.
Guenes i vint, li fel, li parjurez.
675 Par grant veisdie cumencet à parler,
E dist à l’ Rei : « Salvez seiez de Deu !
« De Sarraguee ci vus aport les clefs ;
« Mult grant aveir vus en faz amener
« E vint ostages : faites les bien guarder.
680 « E si vus mandet reis Marsilies li ber,
« De l’Algalife ne l’ devez pas blasmer ;
« Kar à mes oilz vi treis cenz milie armez,
« Osbercs vestuz, helmes d’acier fermez,
« Ceintes espées as punz d’or neielez,

unanimes à le représenter, dès son lever, occupé à prier Dieu dans quelque église, à y entendre pieusement la messe et les matines. A. l’offertoire, Charles ne manque jamais de s’avancer au pied de l’autel et de faire à l’église une offrande digne de lui : Nostre empereres s’est vestuz et chauciez ; Messe et Matines vait oïr au moustier. — (Amis et Amiles, 233-234. Cf. Macaire, 308-315, etc.) Dès que l’office est’ terminé, Charles va d’ordinaire en un grand verger, avec tous ses barons ; il s’assoit sous un pin, et le Conseil commence, à moins toutefois que ce ne soit jour de Cour plénière et qu’un ambassadeur sarrasin ne vienne alors jeter devant le roi frank le défi solennel de quelque roi arabe. (Aspremont, édit. Guessard, p. 8 et suiv.)= Les Cours plénières de Charles ne sont autre chose que les anciens « champs de mars » et « champs de mai ». C’est là que l’Empereur se monte dans toute sa gloire, et c’est là surtout que les yeux de nos pères aimaient à le contempler. Charles est alors entouré d’une couronne de rois, de patriarches, d’évêques ; de ducs et de comtes. Tous les yeux sont fixés sur lui. Les rois, assis au pied de son faldesteuil, se chargent de traduire la pensée universelle et font monter jusqu’à son trône un hosanna qui est sur

les lèvres de tous : « Sire, font-ils, écoutez, s’il vous plaît ; — Il n’y a terre sous le ciel, si vous le vouliez, qui ne fût conquise à la pointe de nos lances.» (Aspremont, Bibl. nat. fr. 2495, f° 670. Cf. la note du vers 527.) = Mais voici l’heure du repas, qui est servi dans la grande salle, du palais, principal. Sur des tréteaux mobiles est dressée, la table immense, couverte de nappes. On « corne l’eau. » : on sonne du cor pour appeler les invités et les avertir d’avoir à se laver les mains avant le repas. Lorsque Charlemagne arrivé, les vins sont déjà sur la table ; et on les a essayés. Ce sont les damoiseaivx qui servent les illustres convives, les damoiseaux, c’est-à-dire « les jeunes nobles qui ne sont pas encore chevaliers. » Les jours de Cour plëhiè’ré il y en a cent, au repas royal, qui sont vêtus d’hermine et de vair, tous fils de comtes ou de princes. Les barons, couverts de soie et d’or, prennent place sur des fauteuils ; derrière Charlemagne plusieurs rois se tiennent debout : « Li rois Burnos le jor servi do vin ; — De l’escuelle Drues li Poitevin ; -Rois Selomons tint le - jor le bacin. » (Aspremont, Bibl. nat. fr. 2495, f° 711.) Sur la table on voit étinceler sept cents coupes d’argent et d’or, et l’un de nos épiques veut bien nous