Page:Gautier - Chanson de Roland onzieme edition 1881.djvu/169

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Eût eu l’idée du courage.
Puis ils chevauchent, Dieu ! avec quelle fierté !
Pour aller plus rapidement, donnent un fort coup d’éperon,
1185Et (que feraient-ils autre chose ?) se jettent sur l’ennemi.
Mais les païens n’ont pas peur :
Voilà Français et Sarrasins aux prises…Aoi.




LA MÊLÉE


XCIX


Le neveu de Marsile (il s’appelle Aelroth)
Chevauche tout le premier devant l’armée païenne ;
II a de bonnes armes, un fort et rapide cheval.
1190Quelles injures il jette à nos Français !
« Félons Français, vous allez aujourd’hui lutter avec les nôtres
« Qui devait vous défendre vous a trahis,
« Votre empereur est fou qui vous a laissés dans ces défilés :
« C’en est fait aujourd’hui de l’honneur de douce France,
1195« Et Charles le Grand va perdre ici le bras droit de son corps.
« L’Espagne enfin sera en repos. »
Roland l’entend : grand Dieu, quelle douleur !
Il éperonne son cheval de ses éperons d’or,
Du plus rude coup qu’il peut porter, le Comte frappe le païen.
Il fracasse l’écu d’Aelroth, lui rompt les mailles de son haubert,
1200Lui tranche la poitrine, lui brise les os,
Lui sépare toute l’échine du dos
Et, avec’sa lance, lui jette l’âme hors du corps.
Le coup est si rude qu’il fait chanceler le corps du Sarrasin,
Si bien que Roland, à pleine lance, l’abat mort de son cheval
1205Et que le cou du païen est en deux morceaux.

partis cède absolument le champ de bataille. Le lendemain on enterre les morts, et tout recommence de plus belle. » (Histoire littéraire, XXII, 717.) On pourra lire, comme type de bataille, les pages 30 et suiv. de Renaus de Montauban (édit. Michelant), les pp. 95 et suiv. de Raoul de Cambrai (édit, Leglay). Cf. Garin le Loherain, édit. P. Paris, I, p. 14. = Il y aurait un grand intérêt à comparer ces batailles avec celles que raconte Homère,