Page:Gautier - Chanson de Roland onzieme edition 1881.djvu/349

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CCLXIII

Les païens forment ensuite dix autres corps d’armée :
Le premier est formé des Chananéens horribles à voir ;
Ils sont venus de Val-Fui, par le travers.
Les Turcs composent la seconde colonne, et les Persans la troisième.
Dans la quatrième on voit encore des Persans, avec des Pinceneis ;
La cinquième est formée de Soltras et d’Avares ;
La sixième, d’Ormalois et d’Euglés ;
La septième, de la gent Samuel ;
Les hommes de Prusse composent la huitième, et les Esclavons la neuvième.
Quant à la dixième, on y voit la gent d’Occiant la déserte :
C’est une race qui ne sert pas le Seigneur Dieu,
Et vous n’entendrez jamais parler d’hommes plus félons.
Leur cuir est dur comme du fer :
Pas n’ont besoin de beaume ni de haubert.
En la bataille, rien n’égale.leur félonie et cruauté.Aoi.

CCLXIV

L’Émir lui-même a formé dix autres corps d’armée.
Dans le premier il a mis les géants dé Malprouse ;
Dans le second les Huns, et dans le troisième les Hongrois ;
Dans le quatrième, les gens de Baldise-la-Longue,
Et dans le cinquième, ceux de Val-Peineuse ;
Dans le sixième, ceux de Joie et de Maruse.
Dans le septième sont les Leus et les Thraces.
Les hommes d’Argoilles composent le huitième., et ceux de
Clairbonne le neuvième ;

3259. Argoilles. « Je propose, dit M. Raymond, de traduire les mots : tels d’Argoilles par les « habitants des Arbailles ». On appelle " Arbailles » une partie du pays de Soule qui borne à l’est le pays de Cize. Cela tendrait à prouver que l’armée française fut attaquée par deux tribus basques, les Navarrais et les Souletains. » (Révue de Gascogne, sept. 1869, t. S, p. 365.) Nous ne pouvons admettre des assimilations aussi précises dans un poème qui l’est si peu, et où d’ailleurs, tous les ennemis des Français sont représentés comme venant d’Afrique, ’ à la suite de l’émir de Babylone, c’est-à-dire du Caire.