Page:Gautier - Chanson de Roland onzieme edition 1881.djvu/355

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« Leur barbe aussi blanche que neige sur gelée ;
« Certes, ils frapperont bons coups de lances et d’épées,
« Et nous allons avoir une rude, une formidable bataille :
« Jamais on n’en aura vu de pareille. »
Alors, de plus loin que le jet d’un bâton,
Baligant dépasse les premiers rangs de son armée,
Et lui fait cette petite harangue :
« En avant ! païens, en avant ! Je vous montré la route. »
Il brandit alors le bois de sa lance
Et en tourne le fer du côté dé Charlemagne.Aoi.

CCLXIX

Charles le Grand, quand il aperçoit l’Émir,
Le Dragon, l’enseigne et l’étendard ;
Quand il voit les en si grand nombre,
Quand il les voit couvrir toute la contrée
Hormis la place occupée par l’Empereur,
Le roi de alors s’écrie à pleine voix :
«, vous êtes de bons soldats.
« Combien de batailles n’avez-vous pas déjà livrées !
« Or, voici les païens devant nous : ce sont des félons et des lâches,
« Et toute leur loi ne leur vaut un denier.
« Mais ils sont nombreux, direz-vous. Eh ! qu’importe ?
« Qui veut marcher me suive !
« à moi, je les attaquerai quand même. »
Alors Charles pique son cheval ;
Et Tencendur fait quatre sauts :
" Comme le Roi est brave ! disent les Français.
« Aucun de nous ne vous fait défaut, Sire : chevauchez. »Aoi.

CCLXX

Le jour fut clair, brillant fut le soleil.
Les deux armées sont belles à voir, ’ et leurs bataillons sont immenses.
Mais déjà les premières colonnes sont aux prises.
Le comte Rabel et le comte Guinomant
Ont lâché les rênes à leurs-destriers rapides