Page:Gautier - En Chine, Les arts graphiques, 1911.djvu/99

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jeune garçon à Cèdre d’Or, et il ne savait pas —qu’elle était une femme. La pierre magique qu’elle portait, ne parlait qu’à elle. Il la suivait avec confiance, car ils ne perdaient jamais les traces du voleur qu’ils ne pouvaient joindre, mais qu’ils serraient toujours de près. Cèdre d’Or était fort brave et instruit, digne en tout point de la faveur dont l’empereur l’avait honoré et, seuls, des génies immortels pouvaient triompher de lui. Il luttait pourtant grâce à la. pierre magique, qui l’égalait presque à son adversaire.

La tactique avait été d’empécher le ravisseur d’approcher des domaines du roi des Dragons, car la relique ne pouvait être rendue qu’au Dragon luimeme.

Ce soir-là, Cèdre d’Or et Jade Pur étaient étendus sur une grève au bord de la mer, attendant la marée et le vent, pour s’embarquer sur une petite jonque couchée sur le flanc à quelque distance dans le sable que l’eau n’atteignait pas encore.

Cette fois, il fallait quitter la Chine pour continuer la poursuite du voleur fugitif qui avait passé là quelqúes heures plus tôt et avait fui sur la mer. Jade Pur se sentait le cœur serré à l’idée de s’éloigner de son pays, de se confier aux vagues capricieuses sur une aussi frêle embarcation. Elle songeait à sa chaumière, au vieux sapin tordu, aux iris et aux nénufars qui bordaient le petit étang, tout en or au soleil levant, èt où un oiseau venait boire. Sans doute elle ne les reverrait jamais. Allait-elle enfin atteindre le but, ou fallait-il perdre tout espoir l En tous cas, celui qu’elle avait voulu sauver échapperait à la mort une fois hors de