Page:Gautier - Fleurs d’orient.djvu/143

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qui me sont chers, pour te récompenser, beau cavalier djouchamide.

« Car en vengeant mon frère, tu as rafraîchi mes yeux, abîmés de larmes, et qui ne savaient plus ni dormir, ni laisser dormir les autres. »


Sakhr fut plus tard blessé mortellement, dans un combat resté célèbre sous le nom de la journée des Tamarins. Il reçut un coup de lance dans le flanc, et le fer, en pénétrant, entraîna dans la blessure un anneau de la cotte de mailles. La plaie s’irrita ; il s’y forma une tumeur, et le blessé languit près d’une année, dans les plus cruelles souffrances. À la longue, sa femme, Selma, se fatigua de lui et le prit en dégoût. La mère de Sakhr, au contraire, soignait son fils avec la plus tendre et la plus patiente sollicitude. Un jour, le blessé entendit de son lit de douleur une étrangère demander à sa femme :

— Comment va ton mari ? — Hélas ! que te dirai-je ? s’écria Selma ; ce n’est ni un vivant, pour qui on puisse espérer, ni un mort