Page:Gautier - Fleurs d’orient.djvu/347

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.


V


Une nuit, dans la chambre de l’empereur, Ominah aperçut des ciseaux d’or, dont les pointes aiguisées brillaient. Ses yeux, comme fascinés, s’élargirent, arrêtés sur cette arme.

Khien-Long avait suivi ce regard, deviné la pensée criminelle, et la lame enfoncée dans sa chair ne lui eût certes pas fait aussi mal que cette certitude, pénétrant dans son esprit, qu’elle voulait le tuer. Un éclair sinistre avait jailli de ses prunelles, mais s’était éteint aussitôt, sous la montée brusque de quelques larmes, les seules qui aient jamais troublé l’éclat et l’orgueil de cet impérieux regard.