Page:Gautier - Guide de l’amateur au Musée du Louvre, 1882.djvu/17

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

l’épitaphe de la vaillante phalange : « Passant, va dire aux Lacédémoniens que nous sommes morts ici en obéissant à leurs ordres. » Agis dépose la couronne qu’il portait pendant le sacrifice pour se coiffer de son casque. Eurytus l’aveugle se fait conduire par un ilote et brandit sa lance. Deux jeunes Spartiates, d’une rare beauté, s’élancent pour prendre leurs armes suspendues à des branches d’arbres. Le combat va s’engager, car une sentinelle signale l’approche de l’ennemi.

L’impression de la scène est solennelle et grandiose, et la tonalité rembrunie de la couleur y ajoute encore. Cela est beau, d’une beauté sérieuse et un peu froide, comme certains morceaux de tragédie, mais ils sont rares en tout temps, les artistes qui mèneraient à bien une machine de cette importance.

Cette salle contient encore de David l’admirable Portrait du pape Pie VII et le Bélisaire demandant l’aumône. C’est une réduction ébauchée par Girodet et Fabre, et retouchée par le maître, du grand tableau exposé à son retour de Rome. Nous retrouverons David dans les galeries nouvellement inaugurées de l’école française.

Deux grandes toiles de forme étroite et haute accompagnent les Sabines et Léonidas aux Thermopyles. Ce sont des figures allégoriques de Gérard : la Victoire et la Renommée d’une part, et de l’autre l’Histoire et la Poésie qui tiennent les bords d’une tapisserie sur laquelle était censée peinte la Bataille d’Austerlitz fixée au plafond de la salle du Conseil d’État aux Tuileries. Ces figures, par la hardiesse