Page:Gautier - Guide de l’amateur au Musée du Louvre, 1882.djvu/72

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rivales. Ici, dès son premier pas, l'art avait atteint son but. Depuis on a fait autrement, mais non pas mieux.
L’admirable Portrait d’Érasme par Holbein , qui n’est pas loin de l’Antonello de Messine, ne semble plus qu'une maigre silhouette, si on le compare à cette robuste peinture, si fine cependant, et traitée avec tant de soin.
Signalons encore le Portrait d’Anne de Clèves d’Holbein, si remarquable par son attitude symétrique, son costume rouge et or, sa tête d’une délicatesse minutieuse et charmante et ses belles mains d’une pâleur aristocratique.
Mais, direz-vous, dans cette tribune de fart, il n’y a donc aucun tableau de la vieille école française ; nous n’avons donc rien produit qui puisse soutenir le voisinage de ces grands maîtres d’Italie , de Flandre et d’Espagne ? Rassurez-vous, voici Poussin avec son Paysage de Diogène, d’un style si noble et si fier, type du paysage historique ; Claude Lorrain et sa couleur imprégnée de lumière ; le tendre Le Sueur et sa Vision de saint Bernard , d’une grâce toute raphaélesque ; Jouvenet et sa grande Descente de Croix, qui rappelle ces beaux équilibres de composition, honneur de Daniel de Volterre ; Philippe de Champagne, si austèrement janséniste dans ce Christ allongé sur son pâle linceul, portraitiste si vrai dans son Cardinal de Richelieu. N’oublions pas non plus Hyacinthe Rigaud, ce brillant et chaud coloriste dont les portraits ne sont pas déplacés parmi ceux des Titien, des Van Dyck et des Vélasquez, et sortons à