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L’ORIENT.

L’aoul, vu de dehors, présente une enceinte en clayonnage, haute de 7 ou 8 pieds, percée de meurtrières, que dépassent les toits des habitations et les cimes des arbres plantés dans les jardinets qui les entourent, mais sans aucune ouverture assez grande pour que les regards étrangers puissent pénétrer à l’intérieur. Au Caucase on est toujours sur le qui-vive, et la vie privée se mure comme une citadelle. La maison des hôtes (hadjache) s’élève en dehors de l’enceinte, soit pour les empêcher de pénétrer les mystères de l’aoul, soit pour leur donner la facilité de partir quand ils le veulent, et sans qu’une porte puisse se refermer sur eux.

Le prince abaze Hadji-Attajoukho-Aboukovo était un beau vieillard à turban blanc, signe de son pèlerinage à la Mekke, de manières dignes et polies, qui offrit à notre voyageur et à son guide, le colonel Aguicheff, le festin de l’hospitalité. Si l’on est curieux de connaître le menu d’un dîner abaze, nous allons le transcrire : — Lhi-gava, mouton bouilli, servi sur un grand plateau, avec des