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L’INDE.

murailles crénelées, portes triomphales, caravansérails, chauderies, tombeaux, collèges de brahmines, immense entassement de colonnes d’ordres inconnus, de monstres sculptés, d’énormités architecturales, comme Martynn sait en faire pressentir avec un éclair dans le sombre infini de ses gravures à la manière noire !

Aussitôt que nous eûmes débarqué à Londres, nous courûmes au Palais de Cristal, qui est lui-même une merveilleuse construction qu’on placerait volontiers dans l’Inde, au bord d’un de ces étangs consacrés où l’on nourrit les crocodiles des temples, ayant pour fond une de ces forêts dont nous parlions tout à l’heure, et soutenue par des terrasses de marbre blanc, sur les rampes desquelles des paons laisseraient traîner les constellations de leur queue ; il est d’une légèreté toute féerique et soutient vaillamment dans l’air ses millions de miroirs, enchâssés dans le cadre d’une frêle armature bleue et blanche ; sa façade, lamée d’argent et d’azur, s’épanouit comme un immense éventail ayant