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ÉGYPTE.

aux dépêches emporta les lettres que nous avions écrites pour rassurer, par des autographes prouvant que nous n’étions pas mort, nos parents et les quelques personnes qui daignent encore s’intéresser à nous. Appuyé sur le bastingage, nous regardions les barques, venues de terre pour vendre aux passagers de menus objets de corail. C’était un pittoresque spectacle que ces barques dont les falots jetaient dans la mer des serpents de feu et d’où montaient toutes les vociférations de la turbulence méridionale. Rien de plus fantastique que les ombres gesticulatrices des matelots et des vendeurs attroupés au bas de l’échelle du navire.

On se remit en marche, et nous eûmes le regret de n’avoir rien vu de la ville que quelques points lumineux. Nous aurions pourtant aimé à connaître le véritable décor de la Fiancée de Messine, de Schiller.

Le lendemain, quand revint le jour, la côte était déjà loin, et n’apparaissait plus à l’horizon que comme une ligne de brume d’où émergeait une pointe blan-