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ÉGYPTE.

des files de chameaux chargés de pierres ou de cannes à sucre, trottinaient de leur pas rapide et menu, des baudets talonnés par leurs âniers ; piaffaient et galopaient des chevaux hardiment montés ; grinçaient des chars primitifs attelés de buffles ; se hâtaient des piétons ayant la plupart quelque fardeau en équilibre sur la tête, et s’agitaient des arroseurs publics aspergeant la route au moyen d’une outre, remplie d’eau, suspendue sur leurs reins par des courroies, et dont ils faisaient jaillir le contenu en la pressant. Un ciel d’une lumière éclatante, mais beaucoup moins chargé de cobalt et d’outremer que les peintres ne le représentent habituellement, s’étendait au-dessus de ce panorama, d’une nouveauté saisissante pour des yeux européens.

La gare du chemin de fer égyptien n’a rien de caractéristique et ressemble à toutes les gares de chemins de fer possible ; mais la foule qui en encombre les abords vous rappelle tout de suite que vous avez quitté l’Europe. À voir ces teints basanés, ces faces aux pom-