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L’ORIENT.

mettes saillantes, au vague sourire de sphinx, ces longues robes flottantes, ces tuniques serrées autour du corps par une corde en poil de chameau, comme celles des pasteurs bibliques, ces turbans enroulés, ces calottes rouges à floches de soie, ces masques dont la barbe prolongée descend jusqu’aux genoux, on sent bien qu’on n’est pas à la gare de l’Ouest, se disposant à prendre son billet pour Auteuil, Versailles ou Saint-Germain.

C’était ce matin-là un pêle-mêle effroyable de cawas, de drogmans, de domestiques de place, d’employés du chemin de fer, d’invités et de voyageurs indigènes, dont les groupes, à chaque minute, étaient dérangés par des fellahs, portant sur leur dos des malles et des paquets énormes que retenait une cordelette nouée autour de leur front, ou par le passage des chariots d’équipe. Chacun suivait son bagage avec une inquiétude bien naturelle à travers ce prodigieux entassement. Les indications en arabe inscrites sur les murs n’étaient d’aucun secours ; le dialogue se réduisait à la simple pantomime. Mais bientôt