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ÉGYPTE.

joues et garde-nuque. Les gentlemen qui s’étaient affublés de cette confortable invention semblaient avoir sur la tête une ombrelle dont le manche eût été enfoncé dans leur crâne. Ceux-ci, d’un meilleur sentiment pittoresque, avaient adopté la couffieh syrienne, rayée de jaune, de rouge, de bleu et de violet, cerclée autour du front d’une cordelette de passementerie, et dont les pans terminés par de longs effilés, flottent négligemment sur le dos. Ceux-là, moins amateurs de couleur locale, portaient le feutre mou, creusé à son sommet d’un pli semblable à l’échancrure d’une montagne à deux pointes. D’autres avaient le panama à larges bords doublés de taffetas vert ; quelques-uns, le fez du Nizam, de couleur amarante à longue houppe de soie ; seul, un vieux savant de l’humeur la plus aimable, dont le nom est une des gloires de la chimie, avait conservé le chapeau européen, en tuyau de poêle, l’habit noir, la cravate blanche, les souliers à nœuds barbotants, disant qu’il était si habitué à ce costume, que, vêtu autrement, il se croirait nu,