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L’ORIENT.

contre souvent aux environs de Leyde, de Dordrecht ou de Harlem, et dans ces contrées marécageuses où l’eau est de niveau avec le sol, et parfois, contenue par des digues, le dépasse de plusieurs mètres. Le tracé du Mahmoudieh est très-sinueux, l’ingénieur turc qui l’a creusé trouvant qu’il fallait faire les canaux comme Allah a fait les rivières.

Quand s’arrête l’eau amère, l’aspect du pays change, non par transitions graduées, mais subitement : ici l’aridité absolue, là une fertilité exubérante. Partout où l’irrigation peut amener une goutte d’eau, naît une plante. La poussière inféconde devient un terreau productif. Ce contraste est des plus frappants. Nous avions dépassé le lac Mariout, et de chaque côté du chemin de fer s’étendaient des champs de dourah, de maïs et de cotonniers à divers états de croissance, les uns ouvrant leurs jolies fleurs jaunes, les autres répandant la soie blanche de leurs coques. Des rigoles pleines d’une eau limoneuse traçaient sur la terre noire des lignes que la lumière faisait briller çà et là, alimen-