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ÉGYPTE.

tées par des canaux plus larges dérivés du Nil. De petites digues de terre battue facilement, ouvertes d’un coup de pioche, retenaient les eaux jusqu’à l’heure de l’arrosement, et, pour l’élever à des niveaux supérieurs, les roues grossières des saqquiehs tournaient mises en mouvement par des buffles, des bœufs, des chameaux ou des ânes. Quelquefois même, deux robustes gaillards tout nus, fauves et luisants comme des bronzes florentins, debout sur le bord d’un canal, balançant comme une escarpolette une corbeille de sparterie imperméable suspendue à deux cordes dont ils tenaient les extrémités, effleuraient la surface de l’eau et l’envoyaient dans le champ voisin avec une dextérité étonnante. Des fellahs, en courte tunique bleue, labouraient tenant le manche d’une charrue primitive, attelée d’un chameau et d’un bœuf à bosse du Soudan. D’autres ramassaient le coton et les râpes de maïs ; ceux-ci creusaient des fossés, ceux-là traînaient des branches d’arbres en manière de herse sur les sillons, quittés à peine par l’inondation.