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L’ORIENT.

meubles et tout ce qu’on chargerait chez nous sur des charrettes. On se croyait tout à l’heure en Hollande, en longeant ces vastes étendues de terrain submergées ; mais le chameau, en passant sur la berge du canal, a bientôt dissipé cette illusion. On sent bien qu’on approche du Caire, et non d’Amsterdam.

Ensuite viennent des cavaliers chevauchant des bêtes maigres, mais pleines de feu, des troupeaux de petits ânes portant au bout de leur croupe, presque sur la queue, leurs maîtres dont les jambes traînent à terre, prêtes à reprendre pied en cas de chute ou de rébellion de la maligne bourrique, à laquelle prend souvent le caprice de se rouler dans la poussière au milieu du chemin. L’âne, en Orient, n’est ni méprisé ni ridicule comme en France ; il a conservé sa noblesse homérique et biblique, et chacun l’enfourche sans honte, le riche comme le pauvre, le vieillard comme l’adolescent, la femme comme l’homme.

Mais voici un groupe charmant qui chemine le long du canal. Une jeune femme,