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ÉGYPTE.

enveloppée d’un long manteau bleu, dont les plis se drapent chastement autour d’elle, est montée sur un âne que guide avec sollicitude un homme vigoureux encore, mais dont la barbe est déjà mélangée de gris et de blanc. Devant la mère, qui le soutient d’une main, est placé un enfant nu, d’une exquise beauté, tout heureux et tout amusé du voyage.

C’était un tableau de la Fuite en Égypte tout fait, il ne manquait aux personnages que le fin cercle d’or au-dessus de la tête. La Vierge, l’enfant Jésus et saint Joseph devaient avoir ce caractère, et les choses se sont passées ainsi dans la réalité vivante et naïve ; leur équipage n’était pas beaucoup plus riche. Quel dommage qu’un grand peintre, un Pérugin, un Raphaël ou un Albert Durer ne se soit pas trouvé là !

Wilhelm Meister, dans les Années d’apprentissage et de voyage, fait une semblable rencontre qui lui inspire des réflexions analogues, mais nous doutons que les voyageurs de la montagne ressemblassent autant à leurs divins prototypes.